Les deus cités de Saint-Septentriamon

«Ça sonne comme La Cité de Dieu de Saint-Augustin», diront les connaisseurs. Ce n’est pas un accident. Et puisque ces mêmes connaisseurs savent qu’avec cette œuvre, on dérive autant dans la théologie que dans la philosophie, je vais théologiser comme nous le faisons si bien au Québec: je vais sacrer en tabarnak. Bienvenu dans le câlisse de Kyurensi Kodex.

Sais-je de quoi parlé-je?

Pas tant, pour ne pas dire «crissement pas». J’ai juste lu un article à propos de cette œuvre dans le cadre de l’introduction de mon cours de philosophie politique et sociale. J’avais déjà entendu le nom de Saint-Augustin, mais je n’en savais rien. J’en savais tellement rien que j’ose maintenant affirmer que Saint-Augustin me connaissait plus que je ne le connais. Et j’ose dire ça parce que, je ne sais pas si je suis le premier à le remarquer, mais les deux cités divines représentent le subconscient et la conscience. Et comme on dit, qui parle d’un subconscient parle de tous les subconscients! Allez, venez avec moi, allons faire du tourisme dans les ruelles les plus malsaines de notre psyché, là où la prostitution des idées est engendrée par l’orgie des pulsions dans un marché chimérique entre cités plus que cosmopolites, des cités cosmoplottes et cosmopénis. Une dans chaque main!

La cité des anges ou le subconscient pulsatif

Dans cette ville comme les autres, que nous appellerons Pulsaria, il y habite des angimaux. Tout ce que les angimaux veulent, c’est s’occuper; faut bien passer le temps. Justement, ils ne sont soumis qu’au temps, mais pas parce que leur temps est compté, mais plutôt parce qu’ils existent si et seulement s’ils n’ont pas déjà inexisté. Si tout ce qui existe a déjà inexisté, ça veut dire que le temps a déjà inexisté. Pas de temps. C’est là le domaine du subconscient pulsatif, Pulsaria. Qui a fondé Pulsaria? La naissance de la vie en 0 pendant maintenant.

Alors, que font les angimaux dans cette ville décadente? Des crisse de grosses orgies. Les angimaux sont l’essence de la vie pure, naturelle et prélinguistique. La caractéristique monolithique du vivant universel est la capacité à se reproduire, sans oublier le plaisir qu’il en retire, ostie oui. Alors les angimaux copulent, générant du potentiel à l’infini avec leurs semences et leurs ovaires spirituels. Le désir suce l’envie qui broute la jalousie qui se fait aussi enculée par la colère pendant que la tristesse se crosse dans son coin en pleurnichant. La colère c’est une enculeuse, qu’on se le dise. Ça se pisse et ça se chie dessus, les angimaux sont des cochons bestiaux car leurs pulsions sont exaucées à la perfection et leurs orgasmes ébranlent les fondements de l’existence, comme si rien d’autre au monde n’existait, comme si Pulsaria était LE monde. C’est crissement pas le cas.

La cité terrestre ou la conscience astrale

Fondée par la conscience de soi en 0 après avoir pensé. À Astralopolis, les astralabitants sont frappés par des malheurs bibliques, mais ne savent pas trop comment interpréter ça. Un déluge de squirt de colère mélangé à du sperme d’envie débarque et ravage Astralopolis, et à chaque fois les astralabitants ne savent pas trop quoi faire. Et là ils se pognent avec les abstrailabitants et personne ne recycle ou composte, mais ceci est un autre conte. Ils envoient alors un astralémissaire vers Pulsaria, armé d’aucune câlisse de carte, pour découvrir le dessein des angimaux pour éviter leur courroux. Le problème, c’est que Pulsaria est construite avec le temps, tout le temps en son entièreté. Pulseria est le futur prophétisé. Ne trouvant nulle part Pulseria dans Astralopolis, dans le temps comme dans le temps comme on dit, l’astralémissaire défie le ciel en quête de réponse. En observant les étoiles, il croit voir les architectes du malheur et de la souffrance, mais ne comprend pas le plan. Ainsi, puisque le malheur ne peut être compris ou prophétisé, il faut fourrer en tabarnak si on veut perpétuer la race, tout ça en espérant qu’un bâtard, quelque part hors du temps, pourra comprendre ce qui se passe. Alors s’en suit l’orgie bestiale des idées et des concepts qui donnent naissance à d’autres idées et concepts bâtards qui forniquent entre eux sans aucune crisse de considération pour l’impact de leurs actions, comme s’ils étaient des angimaux. La peur en plein threesome avec l’incompréhension qui la fourre dans la gueule et le sentiment de légitimité qui lui ramone le devant comme le derrière, ça donne l’impression qu’il faut se protéger, alors les remparts d’Astrolopolis se sont élevés plus haut que la Tour de Babel. Édifiée en briques de mots et avec du mortier de signification, cette intrastructure (pas inFrastructure, inTrastructure) s’élève tellement haut qu’Astrolopolis s’est complètement séparé de l’univers, carapacée face aux étoiles et leurs vicissitudes. Avec les mots, l’astralémissaire a pu imaginer les desseins des angimaux qui fourrent. Et même une fois armé de mots, son message fut: faut fourrer tabarnak sinon on va disparaître. Alors fourré ils eurent, avaient, ont et vont.

La crisse de toile réelle

C’est là que chaque étoile, chaque angimal ou chaque astralabitant est dans le Champ-de-Mars, et veuillez ici imaginer la Tour Eiffel comme une ostie de grosse quéquette et le parc comme un pubis bien trimé. Les images sont gratuites, mais elles ont un prix: celui de l’endoctrinement… mais ce n’est pas de ça que je voulais parler, alors enchaînons et arrêtez de me déconcentrer. Je suis là, juste au-dessus de votre épaule droite, quand il n’y a personne. Je ne dis rien, mais je signifie tout.

Ce que chaque citoyen-mitoyen décadent ignore, c’est que son individualité n’est pas ce qui existe comme telle. Son existence ne se réduit pas à ce qu’Astralopolis renferme. L’existence est la relation entre Astralopolis et Pulseria, le marché de l’offre et de la demande. Les angimaux offrent un mythe, un événement, une occasion, un potentiel surtout et ne demandent qu’à perpétuer le temps. Pour leur part, les astralabitants offrent une réponse en relation avec les impacts cataclysmiques de l’orgie d’anges. «Si les anges fourrent, c’est qu’ils demandent à ce que nous fourrions, alors fourrons», prophétisa enfin l’astralémissaire. Donc ça baise sur un esti de temps, dans le temps comme avec le temps. Or, les angimaux ne demandent rien et n’ont même pas le temps d’écouter ce qui serait demandé, ils sont occupés à fourrer.

Ainsi donc, puisque rien n’est demandé pour exister, on se demande pourquoi on existe. On perd du temps avec ça parce que nous sommes là simplement pour fourrer, surtout métaphoriquement. Alors, accouplons nos idées et nos concepts pour construire ensemble une cité métaphorique, un Ensemble Potentiel, où l’on n’aura plus à craindre pour nos vies. Là où les briques et le mortier ne serviront pas à construire des câlisses de murs, mais plutôt des villes, où l’on pourra enfin être rassurés sans craindre que nos infrastructures s’effondrent en ruines sur le futur. Cependant, pas obligé de fourrer dans les rues, y’a toujours ben des osties de limites à se prendre pour des angimaux ou des apeirotypes, tabarnak! Fourrons beaucoup dans l’intimité, tout en étant conscients des conséquences de nos pensées.

Ce n’est qu’à la toute fin que je me rends compte que cet exercice, mon interprétation de l’œuvre de Saint-Augustin, est le même que celui qu’il a fait entre la Bible et la Cité de Dieu, il y a vraiment beaucoup de temps. Et par analogie, la chaîne de nos deux exercices démontrent que la Bible est juste un vernis posé sur notre animalité non assumée, la peur de redevenir bête pour préserver l’humanité. Et c’est en me bidonnant comme un gamin que je découvre que Saint-Auguste a trimé treize ans là-dessus, avec la foi pis toute. Moi j’ai sorti ça de mon cul trimé en même pas treize heures.

Dans tes dents, docteur Augustin d’Hipponne. Maintenant présente moi ta joue gauche, ça va piquer un temps.

Orthéodontiste qui arrache les passés cariés pour laisser de la place aux futurs de sagesses