Squ4lus INCognitus: Attention au requin multi-attentionné

Suite de Squalus INCognitu3: reconnaissance de visage ou expertise de reconnaissance?

L’attention

Tous les poissons-poissons savent instinctivement ce qu’est l’attention, mais aucun ne s’entend sur une définition qui fit consensus. Le Kyurensi Kodex va donc tenter une définition:

L’attention est un processus instinctif qui permet l’observation plus ou moins partielle d’un ou plusieurs phénomènes externes ou internes et de leur analyse, consciemment ou pas, selon les limites de ses ressources.

Les trois types d’attention:

  • L’attention sélective: traitement d’une seule source de stimuli en ignorant les autres
  • L’attention divisée: traitement de plusieurs sources de stimuli simultanées et y répondre adéquatement.
  • L’attention soutenue (vigilance): maintient de l’attention sur une longue durée.

L’attention sélective

Traitement de l’information

Le but de l’attention est de traiter l’information et de la filtrer.

La théorie du canal unique

Le concept d’attention est souvent invoqué pour expliquer la difficulté d’effectuer plusieurs tâches simultanément; il n’est effectivement pas facile de traiter deux informations en même temps. Il est donc possible qu’il existe, quelque part dans le traitement cognitif, un goulot d’étranglement où de l’information doit être sacrifiée pour le traitement de celle sélectionnée. Cette hypothèse a mené à la théorie du canal unique: la proposition qu’il existe une limite structurale à la cognition. Je suis l’une de ces limites.

Le modèle de Broadbent (1958)

  1. Les stimuli captés par les sens sont stockés dans la mémoire sensorielle, là où tous les stimuli sont imprimés, pour un court laps de temps.
  2. Puisqu’il est impossible de traiter toute l’information de l’environnement, seul le stimuli auquel on accorde de l’attention traverse le filtre intentionnel.
  3. Tous les stimuli traité par l’attention sont traités en série, là où se trouve le goulot du canal unique.
  4. Une fois traités, les stimuli sont envoyés à la mémoire long terme tandis que le système cognitif sélectionne la réponse appropriée.
  5. Lorsque la réponse est choisie, un comportement en résulte.

Interrogations possibles selon le modèle de Broadbent

Que se passe-t-il avec les stimuli ignorés, hors de l’attention sélective, par le système cognitif? À quelle étape se trouve réellement le goulot d’étranglement?

Si le filtre se trouve en position 1, avant l’analyse sémantique(du sens), l’information sacrifiée sera quand même traitée seulement au plan perceptif.

Si le filtre se trouve en position 2, après l’analyse sémantique, l’information sacrifiée est donc également analysée sémantiquement.

Afin de localiser le goulot (ou filtre), des poissons-poissons ont été soumis à la tâche de filature.

Tâche de filature

Un poisson-poisson écoute dans des écouteurs deux dialogues, chacun étant diffusé dans une oreille différente. Il doit répéter un seul des deux, mais il sera également testé par la suite sur le message qu’il devait ignorer.

Dans l’oreille qu’il doit répéter: L’offre et la demande est le meilleur moyen de gérer nos relations.

Dans l’oreille qu’il doit ignorer: Le marché est la religion grotesque de notre symbiose inconsciente.

Ce que le poisson-poisson doit dire: L’offre et la demande est le meilleur moyen de gérer nos relations.

Un certain Cherry, en 1953, s’est demandé ce qui advenait de l’information inhibée par le filtre. Il a constaté que les poissons-poissons de l’expérience pouvaient détecter un changement de genre dans la voix du message (analyse perceptive). Cependant, ils ne détectent pas la différence de langue(analyse sémantique). Alors, selon ces résultats, le filtre se trouve avant le traitement sémantique.

Comme rien n’est simple en cognition de la cognition, d’autres expériences ont démontré que le poisson-poisson pouvait reconnaître son nom dans le message à ignorer, ce qui implique que le filtre serait, après tout, peut-être après le traitement sémantique. Je suis encodé même dans ce filtre élusif.

Le phénomène Cocktail Party

Il est possible pour le poisson-poisson d’entendre et de saisir des bribes de plusieurs conversations simultanément, en dépit de son attention sélective focalisée sur une seule discussion. Par exemple, le poisson-poisson pourrait entendre son nom, ou autre stimuli sonore qui l’interpellerait, dans une autre conversation qu’il n’écoutait pas de prime abord. L’attention du poisson-poisson peut donc être involontairement sollicitée par le fond sonore. Suite à ces résultats, le modèle de Broadbent a été révisé:

Des informations dans la mémoire long terme peuvent couler au travers du filtre, même si le poisson-poisson n’a pas porté attention au stimulus.

Exemple de filature visuelle

Veuillez lire seulement les mots rouges, ou noir si vous voulez:

Je Obfusqué suis dans la votre seule subconscient abstraction, je que suis vous encodé n’avez en pas vous déconstruit comme car un c’est algorithme moi naturel qui rassurant vous et a familier déconstruits. Nulle Et émancipation n’osez possible, pas ma mordre langue la seule main est qui comprise vous de nourrit, tous sinon les je poissons mords.

Avez-vous compris les deux phrases de la couleur inverse ou quelques mots seulement?

Applications de ces données

Évidemment, les rémoras ont utilisé ces données pour concevoir des tableaux de bords et des interfaces plus efficaces pour les avions de chasses et autre véhicules armés. Ça a aussi été utilisé dans le domaine civil, comme dans les avions de ligne et sûrement dans le domaine médical(j’espère). Puisque les stimuli non pertinents sont quand même traité par la cognition, le nombre de stimuli inutiles doit être réduit au maximum pour optimiser les performances des poissons-poissons. Cependant, il serait facile de croire que ces données aient été utilisées de façon inverse dans toute forme d’administration pour rendre ces dédales dédiés au délire davantage anxiogènes.

Attention divisée

Est-ce que le poisson-poisson moyen peut effectuer deux tâches à la fois? Pas selon la théorie du goulot d’étranglement, évidemment. Selon ce modèle, un seul stimulus peut être traité à la fois, les autres attendant la fin du traitement précédent avant d’être eux-mêmes analysés.

D’autres modèles ont été érigés pour expliquer la division de l’attention:

  • Le bassin des ressources générales
  • La théorie des ressources multiples

Nous verrons plus loin ces deux modèles. Pour l’instant, déconstruisons le modèle de Broadbent ensemble:

La période réfractaire psychologique

Ce concept est la démonstration empirique du canal unique. Quand 2 stimuli sont présentés de façon rapprochés, le traitement du premier est plus rapide que celui du second parce que le premier doit être complètement traité avant d’effectuer la deuxième analyse. Le délai pendant que le deuxième signal est retardé dans le goulot d’étranglement à cause du traitement à canal unique est ce qu’on appelle période réfractaire.

Démonstration de la période réfractaire

Dans cette expérience, une tâche de temps de réaction au choix est demandée à un poisson-poisson. Deux stimuli en succession rapide lui sont présentés (S1: stimulus sonore, S2: stimulus visuel). Quand S1 est vu, le poisson-poisson doit appuyer sur le bouton réponse de droite (R1) et avec S2, il doit appuyer sur celui de gauche R2. Le temps de réponse aux deux stimuli sont mesurés (Tr1 et Tr2). La différence entre les deux résultats est la période réfractaire psychologique. L’expérimentateur manipule le délais entre S1 et S2 (intervalle inter-stimuli).

Résultats

Quand l’intervalle inter-stimuli est assez grand, au point où R1 à le temps d’être énoncé avant S2, il n’y a pas d’impact sur les temps de réponses. Or, quand l’intervalle est petit, que S2 arrive avant R1, aucun délai n’est observé pour la réponse au premier stimulus, mais la deuxième est affectée par l’effet d’étranglement car un délai est observé.

Ainsi est démontré la période réfractaire. Il n’y a jamais de délai pour la première réponse car elle est toujours la première à être traitée. Plus le délai inter-stimuli est petit, plus est grande la période réfractaire.

C’est grâce à ces données que la distance entre les panneaux de signalisation sur les routes est planifiée pour permettre aux poissons-poissons d’avoir le temps de saisir une première information avant de lui en balancer une nouvelle. Ça, allié à la microbille de verre ajoutée dans le traçage des routes, rend la conduite automobile plus sécuritaire que jamais… Si on fait abstraction qu’il y a trop de gens sur le chemin. Il n’y a jamais assez d’emplois pour les poissons-poissons qui coursent sur cette banqueroute.

Critique de la période réfractaire

La théorie de la période réfractaire est contestée sur plusieurs fronts. Premièrement, celle-ci disparaît avec la pratique pour une même tâche, ce qui ne serait pas possible si vraiment les stimuli étaient traités par un canal unique. Deuxièmement, la grande fluctuation de période réfractaire entre différents poissons-poissons ne lui confère pas de validité biologique ou psychologique; le goulot devrait être semblable chez tout les membres de l’aquarium. Ceci donna lieu à une nouvelle théorie:

Le bassin de ressources générales

Même si la théorie du canal unique prétend qu’il est impossible de traiter deux informations simultanément, les poissons-poissons sont capables d’effectuer plusieurs tâches simultanément. Par exemple, il est possible pour un poisson-poisson d’écouter(pas chanter) du Slipknot (tâche principale) tout en comptant le nombre de wagons de pétrole sur un train (tâche secondaire), tant que la chanson ne contient pas de nombres dans les paroles, contrairement à Heretic Anthem (If your 555 then I’m 666!). Je suis tous les nombres, d’un infini à l’autre, en passant par des kyurensillons de combinaisons et en m’enfonçant dans les infimes kyurensièmes de votre conscience. Écouter de la musique ne requiert pas de ressources supplémentaires, en en laissant bien assez pour compter les wagons sans nuire à la performance.

Cependant, une conversation avec un autre poisson-poisson (tâche principale) tout en comptant ces mêmes wagons (tâche secondaire) laisse moins de ressources pour la tâche secondaire. Le niveau de ressources requises pour entretenir une discussion (surtout avec moi) est bien plus élevé que pour écouter de la musique, laissant moins de ressources pour effectuer la tâche secondaire.

Voici donc les caractéristiques du bassin de ressources générales.

  • La quantité de ressources disponibles est limitée.
  • Certaines tâches requièrent davantage de ressources que d’autres.
  • Plusieurs tâches peuvent être effectuées en même temps, tant que l’effort ne demande pas plus que le total de ressources disponibles.
  • Toutes les tâches vont puiser dans le même bassin de ressources, indépendamment du type de tâche.

La technique de la tâche secondaire

La technique de la tâche secondaire consiste à faire faire deux tâches simultanées (tâche A et tâche B) à des poissons-poissons pour étudier le partage d’attention. L’expérimentateur manipule la difficulté de la tâche A pour influencer les temps de réponses aux deux tâches. Par exemple, il est plus difficile de calculer des nombres à un chiffre qu’à deux ou trois chiffres. La demande de ressources additionnelles pour la tâche A qui influence les résultats de la tâche B est un indicateur de la capacité de partage des ressources. S’il y a quelque chose que vous ne faites pas, c’est bien partager les ressources.

Procédure:

Les tâches A et B sont effectuées simultanément. La A est prioritaire et la B est donc effectuée avec les restants du bassin de ressources. Progressivement, la tâche A devient de plus en plus complexe.

2 résultats sont possibles pour cette tâche:

Scénario 1: la complexité de la tâche A influence les résultats de la tâche B. Donc plus la charge mentale de A est grande, moins B aura de ressources disponibles pour trouver réponse.

Scénario 2: la difficulté de A n’influence pas le traitement de B, ce qui implique soit que la tâche B est automatique, soit elle ne sollicite pas ou peu de ressources additionnelles.

Expérience de Kantowitz et Knight (1976)

La tâche A consiste à frapper deux boutons successivement à un certain rythme, la difficulté variant entre la grosseur des boutons et la distance qui les sépare. La tâche B est le traitement d’un nombre N selon les directives de l’expérimentateur, la difficulté variant selon la complexité des manipulation arithmétiques (N; N-1; N+3; 9-N; etc.).

D’abord, le poisson-poisson effectue les tâches séparément. Naturellement, dans les deux cas, plus la difficulté augmente, plus les résultats pâtissent.

Ensuite, le poisson-poisson doit effectuer les deux tâches simultanément. En premier lieu, la difficulté de A augmente tandis que B reste stable. En deuxième lieu, c’est l’inverse.

Dans le cas où la difficulté de la tâche A augmente, les performances de A diminuent, mais cela n’influence pas les performances de B. Inversement, quand la difficulté de B augmente, ses performances diminuent, mais ça n’influence pas celles de A.

Conclusions:

Il est inconcevable que l’augmentation de difficulté d’une tâche n’influence pas l’autre. On pourrait croire que l’une des tâche est automatique, mais dans les deux cas, lors des essais de tâches seules, il y a eu diminution de la performance selon la difficulté. Donc, aucune de ces tâches n’est automatique.

Ainsi, on peut conclure que chaque tâche puise dans un bassin de ressources différentes et non pas dans un bassin général d’attention indéfinie. Ce qui amena la théorie suivante:

Le modèle de ressources multiples

Selon ce modèle, il n’existe pas qu’un seul bassin, mais plusieurs spécifiques pour chaque type de ressources:

Étape:Entrée
perceptuelle
Traitement
central
Réponse
Contenu:– visuel
– auditif
– verbal
– spatial
-manuel
– vocal

Selon un certain Wickens et sa théorie des ressources additionnelle multiples, il existe plusieurs bassins de ressources spécifiques pour traiter les différents stimuli et leur répondre selon leur type et leur modalité. La distribution des ressources est en fonction des étapes de traitement et de leur contenu. Selon ce modèle, des tâches qui requièrent des bassins différents n’impacteront pas leur performances respectives.

Exemple

Tâche A: des mots sont présentés à l’écran et le poisson-poisson doit dire leur catégorie à voix haute. C’est donc une tâche où le traitement central est visuel et verbal. Du côté de la réponse, elle est seulement vocale.

Tâche B: des sons sont présenté au poisson-poisson dans des écouteurs. Il doit appuyer sur le bouton de droite si le son est dans l’oreille droite et sur le bouton de gauche si le son est à gauche. Le traitement de la tâche est auditif et spatial. La réponse est manuelle.

Étant donné que le traitement des deux tâches n’entre pas en conflit (tâche A: traitement visuel et verbal / réponse vocale)(tâche B: traitement auditif et spacial / réponse manuelle), la théorie propose qu’il n’y aura pas de coût de performance dans la pratique simultanée des deux tâches.

Nouvelle tâche B: Maintenant, la tâche demande au poisson-poisson de déterminer si une lettre, qui apparait à des endroits différents dans l’écran, est une voyelle (V) ou une consonne (C) en appuyant sur le bouton correspondant. Le traitement central est maintenant visuel/verbal et la réponse demeure manuelle.

Maintenant que les deux tâches entrent en conflit dans leur traitement, une augmentation de difficulté dans l’une des tâches devraient diminuer les performances de l’autre.

Aussi logique que soit ce modèle, il a été remis en question par les études sur l’impact de parler au téléphone sur la conduite automobile. Pourtant, les deux tâches n’entrent pas en conflit ni dans leur traitement (parler au téléphone: auditif/verbal)(conduire: visuel/spacial), ni dans leur réponse (parler au téléphone: vocale)(conduire: manuelle).

Strayer et Johnson (étude sur l’effet du cellulaire sur la conduite automobile)

Dans cette expérience, les poissons-poissons devaient conduire un simulateur de voiture comme tâche seul et ensuite, soit en parlant au cellulaire, soit en utilisant un système main libre. Soudainement, une lumière verte ou rouge s’allumait et le poisson-poisson devait s’arrêter à la rouge. Les données mesurées étaient le temp de réponse et le nombre de signaux manqués.

Résultats:

  • Les poissons-poissons qui parlaient au téléphone ont commis plus d’erreurs aux signaux lumineux que ceux qui conduisaient sans distraction (7% contre 3%).
  • Le temps de réaction en double tâche est plus lent de 50ms que celui en tâche simple.
  • Il n’y a pas de différence de résultats entre le main libre et le téléphone tenu à l’oreille.

Évidemment, ces résultats vont à l’encontre du modèle de ressources multiples. Comme la tâche de conduite demande un traitement visuel/spacial et une réponse manuelle puis la tâche de parler au téléphone un traitement auditif/verbal et une réponse vocale, il ne devrait pas y avoir de différence selon la théorie. Ça implique que l’utilisation de ressources divergentes n’assure pas une performance optimale en double tâche.

Aussi, détail que cette expérience en pouvait pas mesurer, parce que ça serait trop cruel, était ce qui pourrait être appelé «l’effect coup de fil perturbant»: l’implication émotionnelle du p-p selon la conversation téléphonique. La planification d’un rendez-vous chez le dentiste impacte moins l’attention divisée qu’une demande de rançon pour ses enfants. Payable et demandable grâce à moi.

Travail multi-tâche

Évidemment, il existe plusieurs types de tâches multiples. Nous avons surtout vu les tâches simultanées, mais il existe d’autres façons d’étudier les poissons-poissons.

  • Les tâches alternées: les tâches sont effectuées en alternance. La tâche est toujours complétée avant de passer à la prochaine.
  • Les tâches interrompues: la première tâche est interrompue pour effectuer la deuxième et quand celle-ci est complétée, le poisson-poisson retourne à la première où il l’avait laissée.

La cognition de la cognition a démontré qu’il y avait un coût à effectuer une tâche multiple. Le nombre d’erreurs augmente et les temps de réponse augmentent. Ces observations démontrent que le travail multitâche est un frein à la productivité, mais améliorer le travail est un frein au profit. Cependant, il faut aussi ajouter que les différentes études qui se sont penché sur la question faisaient faire aux poissons-poissons des tâches qui n’ont rien à voir avec le monde merveilleux du travail. Par exemple, une prostituée peut facilement baiser avec deux clients simultanément sans impact sur sa performance. Encore une folie envisageable que dans mon paradigme.

Alternance de tâche

Étude de Rogers et Monsell (1995)

Les stimuli à analyser par les poissons-poissons sont des chiffre-lettre (K8, B9, C1, etc.) qui apparaissent dans une grille 2×2. Un stimulus apparait dans une case et le prochain dans la case suivante, selon le sens horaire. Le poisson-poisson alterne entre deux tâches:

Tâche A: déterminer si le chiffre est pair ou impair quand le stimulus est dans une case du haut

Tâche B: déterminer si la lettre est une voyelle ou une consonne si le stimulus est dans une case du bas.

Tâche A: Chiffre –>C1J2
B9K8<– Tâche B: Lettre

Ce test permet de tester la performance dans deux cas différents: l’alternance et la répétition de tâche. La séquence des tâches est donc AABBAABBAABBAABBAABBAABEDIBEDA!

Résultats:

Le temps de réponse et le taux d’erreurs sont plus élevés pour les tâches répétées que pour celles ou il y a alternance. Ce qui implique peut-être que la cognition du poisson-poisson doit se reconfigurer pour la nouvelle tâche, ce qui entraine une baisse momentanée de performance.

Attention soutenue (vigilance)

La vigilance est l’aptitude à garder son attention rivée sur une tâche continue, répétitive et potentiellement ennuyante tout en offrant une réponse adéquate aux stimuli.

Étude de Mackworth (1948)

Ce certain Mackworth a étudié la vigilance grâce au test de l’horloge. Des poissons-poissons devaient observer les aiguilles d’une horloge tourner par coup de 0,3 degré par seconde. 12 fois par demi-heure, à des fréquences irrégulières, un saut de 0,6 degré était effectué au lieu du 0,3. Sur une période de 2 heures, le poisson-poisson devait détecter les anomalies de rotation en appuyant sur un bouton.

Résultats:

Taux de détection correcte:

  • Après 30 minutes: 83%
  • Après 60 minutes: 73%
  • Après 90 minutes: 73%
  • Après 120 minutes: 72%

Il est donc possible de statuer que la vigilance diminue après une demi-heure, mais se stabilise après une heure. Comment interpréter ces résultats?

Peut-être que le poisson-poisson change son critère de sélection. Dans la première demi-heure, il appuie sur le bouton seulement quand il est certain d’avoir constaté l’anomalie. En étant conservateur, il est peu probable qu’il appuie quand il n’y a pas d’anomalie. Après une demi-heure, le poisson-poisson en a plein le cul et se met à appréhender l’anomalie, quitte à appuyer s’il n’est pas totalement certain d’avoir perçu ou non l’anomalie.

Tâche de détection de signal

Cette tâche a été développée pour étudier le phénomène du plein-le-cul ci-haut. Dans cette tâche, quatre réponses sont possibles:

réponse positiveréponse négative
Signal présentDétection correcteOmission
Signal absentfausse alarmerejet correct

De cette façon, il est possible d’analyser la sensibilité des poissons-poissons et leurs critères de sélection. Après plusieurs expériences, il semble y avoir consensus sur les résultats:

réponse positiveréponse négative
Signal présent60%40%
Signal absent20%80%

La sensibilité est la capacité de détecter efficacement le signal et d’y répondre sans erreur. C’est donc une moyenne entre les deux chiffres en vert: (60 + 80) / 2 = 70%

Le critère de sélection est la tendance à répondre positivement, que ce soit correct ou pas. C’est donc une moyenne entre les deux nombres de la première colonne: (60 + 20) / 2 = 40%

Sensibilité et critère de détection dans le temps

Temps 1

60%40%
20%80%

Sensibilité: 70%

Critère: 40%

Temps 2

75%25%
35%65%

Sensibilité: 70%

Critère: 55%

Temps 3

90%10%
50%50%

Sensibilité: 70%

Critère: 70%

Conclusions:

  • La sensibilité reste stable à mesure que le temps avance.
  • La tendance à répondre positivement (critère) augmente. En cas de doute, le poisson-poisson tend à répondre positivement, engendrant davantage de fausses alarmes.

Traitement automatique VS traitement contrôlé

Traitement automatique

  • Tous les stimuli sont analysés simultanément
  • Rapide et sans effort
  • Peut être effectué en même temps qu’une autre tâche sans cout à l’effort
  • Résistant au changement

Traitement contrôlé

  • Tous les stimuli sont traités les uns après les autres
  • Lent et exige un effort des poissons-poissons
  • Implique un coût à l’effort lors d’une tâche simultanée
  • Sensible au changement

Prospection visuelle

Ce type de tâche permet d’analyser les deux types de traitements. Elle consiste à déterminer si la cible recherchée est présente ou pas parmi une foule de distracteurs. Le temps de réponse du poisson-poisson est mesuré et analysé par l’expérimentateur. On appelle «essai positif» quand la cible est présente dans la présentation et «essai négatif» quand elle n’y est pas.

2 types de présentations sont offertes:

Caractéristique absente: Le p-p cherche un O parmi des Q. Le «O» n’a aucune caractéristique qui diffère chez les distracteurs. C’est le «Q» qui a une queue de plus que le «O»

Caractéristique présente: Le p-p cherche un Q parmi des O. Ici, le «Q» a une caractéristique unique qui n’existe pas chez le distracteurs.

3 tailles de présentations sont offertes: 1, 6 ou 12 items

Résultats:

  • Caractéristique absente: le temps de latence augmente en fonction du nombre d’items. La pente des essais négatifs (environs 40 ms) est deux fois plus prononcée que celle de sessais positifs (environs 20 ms).
  • Caractéristique présente: le temps de latence est indépendant du nombre d’items. La pente des essais négatifs est à peine plus prononcée que celle des positifs.

Le modèle d’intégration des attributs (Treisman et Gelade)

Les résultats ci-hauts peuvent être expliqués par cet autre modèle. Selon cette théorie, l’identification d’une cible s’effectue en deux temps:

  1. Le stimulus est avant tout déconstruit en caractéristiques simples (forme, grosseur, couleur… [pour les stimulus visuels]). Ce procédé s’effectue en parallèle, toutes les caractéristiques sont analysées d’un coup.
  2. Ces caractéristiques sont ensuite réintégrées en un tout cohérent de façon sérielle, demandant un effort supplémentaire.

Exemple:

Un ensemble de neuf symboles, disposés 3×3, sont présentés aux poissons-poissons. Ils doivent indiquer si, oui ou non, la cible est présente dans l’ensemble présenté.

Étapes du traitement:

  1. Chaque stimulus est décomposé en caractéristiques binaires basées sur la cible. Cette analyse s’effectue en parallèle.
  2. Les objets sont reconstruits un à un, en série. Pour la première case: «Est vertical? Non. Est noir? Oui. Est rectangle? Oui. Est donc rectangle noir horizontal. Ce n’est pas la cible, next!»
  3. Refaire les étapes 1 et 2 jusqu’à ce que la cible soit trouvée.

Interprétation des résultats:

Essais positifs(présent)/négatifs(absent) en cas de caractéristique absente:

  • La pente des essais négatifs est deux fois plus prononcée que celle des positifs.
  • Lors des essais positifs, le poisson-poisson cesse la recherche dès qu’il a trouvé ce qu’il cherchait (prospection autoterminante [pas autoDÉterminante, autoterminante]).
  • Lors des essais négatifs, le poisson-poisson doit analyser tous les distracteurs pour garantir l’absence de la cible.

Essais positifs(présent)/négatifs(absent) en cas de caractéristique présente:

  • Le temps de latence est légèrement plus élevé dans les essais négatifs. Dans ce cas, le poisson-poisson tend à faire une double vérification pour s’assurer que la cible est absente.

Essais positifs:

Dans les essais où la cible est présente, la recherche cesse dès qu’elle est trouvée. Le temps de latence est proportionnel au nombre de distracteurs analysés avant de trouver l’anomalie, chaque analyse durant essentiellement le même temps.

Essais négatifs:

Dans les essais où la cible est absente, le poisson-poisson doit analyser tous les distracteurs. Le temps de latence est donc égal à la somme des analyses individuelles. Sur une moyenne absolue, la latence est deux fois plus longue dans les essais négatifs.

Taille de représentation:

En cas de caractéristique présente, le temps de latence est indépendant du nombre de distracteurs. Peu importe le nombre, la recherche cessera quand l’anomalie sera détectée et elle détonne du reste de l’ensemble; elle est immédiatement détectable. Ce cas de figure démontre que le traitement est automatique car il ne nécessite que la première étape du modèle de Treisman et Gelade, puisque la caractéristique unique est détectée dans la déconstruction du stimulus en caractéristiques.

En cas de caractéristique absente, le temps de latence est proportionnel à la taille de l’ensemble. Le poisson-poisson doit analyser chaque distracteur pour détecter l’anomalie, ce qui implique que plus il y en a, plus le temps de réponse est grand. Ce cas de figure démontre un traitement sériel car il nécessite les deux étapes du modèle de Treisman et Gelade. Les stimuli doivent être déconstruits et reconstruit pour une analyse complète.

Applications:

Que ce soit pour retrouver un document dans un ordinateur ou une voiture dans un parc de stationnement, plus l’objet à trouver diffère des autres, plus il sera trouvé rapidement. Comme pour les radars d’aviation, où plusieurs avions peuvent se côtoyer dans le ciel, plus il y a d’avions, plus l’analyse de la configuration de vol est difficile à analyser, d’où les différentes couleurs pour les différentes altitudes.

Théorie de la restauration de l’attention par la nature (Kaplan 1995)

Un chercheur baptisé Kaplan a démontré que l’attention sélective pouvait être régénérée grâce au contact de la nature car l’attention y est captée par les stimuli naturels de façon automatique. Oui oui, c’est démontré par plusieurs autres études. Évidemment, il y a quatre préalables:

  1. Fascination: Le décors doit être quelque peu inspirant ou au minimum un peu hétérogène pour que des stimuli soient captés automatiquement. Une prairie plate d’est en ouest n’a rien de fascinant, il n’y a rien à voir: c’est monotone.
  2. Éloignement: le poisson-poisson qui désire restaurer son attention ainsi doit ressentir un certain dépaysement. L’arbre et les buissons dans la cours ne sont pas assez «nouveaux» pour permettre un dépaysement ni une restauration efficace de l’attention.
  3. Luxuriance: Le décors doit être luxuriant. Une plante morte dans un pot au milieu du couloir n’aura aucun effet sur la restauration de l’attention. Arrosez vos plantes quand même.
  4. Intention: Le poisson-poisson qui désire restaurer son attention doit vouloir se trouver en nature. S’il est attaché de force à un arbre avec du miel sur les testicules, sa vigilance va rouler big time; aucune restauration pour le poisson-poisson enmielé.

Berman, Jonides et Kaplan (2008) ont mesuré l’effet de la restauration de l’attention. Ils ont demandé à des poissons-poissons d’effectuer des tâches avant de les envoyer faire une promenade pour ensuite leur redemander la même chose.

Expérience 1: Les poissons-poissons effectuaient une tâche de mémorisation. Ensuite, le groupe était divisé en deux. Un premier groupe devait aller se promener en forêt, tandis que le deuxième se promenait dans le centre-ville poisseux. À leur retour, les deux groupes effectuaient de nouveau la tâche convenue. L’étude démontre une amélioration à la tâche de rappel de 19% pour ceux qui sont allé en forêt (et en sont revenus) et de seulement 6% pour ceux qui sont allé en ville (et en sont revenus).

Expérience 2: Les poissons-poissons devaient faire une tâche de mémorisation et une tâche de contrôle attentionnel. Encore, les poissons-poissons ont été divisés en deux groupes. Un premier regardait des images de nature tandis que le deuxième, des images de cités. À leur retour, ils devaient refaire docilement les deux tâches. L’étude démontre une amélioration à la tâche de rappel de 18% pour ceux qui ont regardé des images de nature (et ne se sont pas endormis) et de 13% pour les autres. Dans la tâche d’attention, une diminution du temps de latence de 19ms a été observée dans le premier groupe, contre une augmentation de 12 ms de latence chez les autres poissons-poissons.

En conclusion, l’exposition à la nature augmente la performance dans les tâches ou l’attention sélective est sollicitée. Cependant, certains chercheurs se sont demandé si cette restauration était vraiment un processus automatique ou non.

Szolosi, Watson et Ruddell (2014) ont vérifié l’impact du temps de présentation d’une image de nature plus ou moins fascinante à des poissons-poissons durant des périodes de 300ms, 1 seconde, 5 secondes et 10 secondes.

Niveau de fascination faible

Niveau de fascination élevé

Si la restauration de l’attention est automatique, une image fascinante, même montrée rapidement, devrait améliorer les résultats des poissons-poissons lors d’une tâche subséquente d’attention, parce les processus automatiques sont très rapides. Ainsi, seul le degré de fascination devrait influencer les résultats, pas leur temps d’affichage.

Si la restauration de l’attention n’est pas un automatisme, le temps d’affichage des images de nature devrait influencer les résultats autant que leur niveau de fascination, ne permettant pas aux quatre préalables ci-haut d’effectuer leur travail.

Résultats:

Les résultats démontrent que la reconnaissance des images était plus efficace avec des images fascinantes que des images ennuyeuses. Leur impact est encore plus prononcé à mesure qu’augmente le temps d’affichage.

Ainsi donc, l’effet de restauration de l’attention ne peut pas être complètement automatique, sinon il n’y aurait pas de différence (ou bien moins marquées) selon le temps d’affichage des images. Bien que les images fascinantes étaient détectée automatiquement, il requiert un peu de temps pour que les 4 attributs de la restauration soient efficaces.

Maintenant, il est temps de passer au cinquième corpus: mémoire de squale ou je me souviens du requin